Pensent que les bancs verts
Qu’on voit sur les trottoirs
Sont faits pour les impotents ou les ventripotents
Mais c’est une absurdité
Car à la vérité
Ils sont là c’est notoir’
Pour accueillir quelque temps les amours débutants
Les amoureux qui s’ bécot’nt sur les bancs publics,
Bancs publics, bancs publics,
En s’ foutant pas mal du regard oblique
Des passants honnêtes
Les amoureux qui s’ bécot’nt sur les bancs publics,
Bancs publics, bancs publics,
En s’ disant des « je t’aim’ » pathétiques
Ont des p’tit’s gueul’s bien sympatiques.
Ils se tiennent par la main
Parlent du lendemain
Du papier bleu d’azur
Que revêtiront les murs de leur chambre à coucher.
Ils se voient déjà douc’ment
Ell’ cousant, lui fumant,
Dans un bien-être sûr
Et choisissent les prénoms de leur premier bébé
Les amoureux qui s’ bécot’nt sur les bancs publics,
(…)
Quand la saint’ famill’ Machin
Croise sur son chemin
Deux de ces malappris
Ell’ leur décoche hardiment des propos venimeux
N’empêch’ que tout’ la famille
(Le pér’, la mér’, la fille,
Le fils, le Saint-Esprit…)
Voudrait bien de temps en temps pouvoir s’ conduir’ comme eux.
Les amoureux qui s’ bécot’nt sur les bancs publics,
(…)
Quand les mois auront passé
Quand seront apaisés
Leurs beaux rêves flambants
Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds
Ils s’apercevront émus
Qu’ c’est au hasard des rues
Sur un d’ ces fameux bancs
Qu’ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour.
Les amoureux qui s’ bécot’nt sur les bancs publics,
(…)
